descend de la montagne pour rejoindre Laferrada. Ou, plus exactement, pour porter un message au maire. Elle ne sait pas qui le lui a dit et pourquoi, mais elle est sûre que, bientôt, il sera tué.
Peut-elle changer le verdict qu'un inconnu a prononcé ? Veut-elle le changer ?
Monsieur Brisu, le maire de Laferrada, a toutes ses chances pour sauver sa peau - s'il croit à ce que proclame la femme. On dirait qu'il est privilégié : qui, de son vivant, eut l'occasion de participer à l'enquête sur sa propre mort ?
Laferrada, le village qui cultive son propre patois, ses propres coutumes, ses propres lois et ses vastes forêts - ces forêts qui appartiennent à Monsieur Brisu et à ses vaches. Un village, par conséquent, comme on en trouve des centaines en France, loin des villes et cachés sous un sourire éternel qui dure pendant toute la saison du tourisme, ce village existe. Il est le théâtre d'intrigues autour du pouvoir et de l'argent, d'intrigues qui, parfois, vont plus loin que le citadin puisse l'imaginer.
À première vue, Laferrada est comme un havre de paix. Sauf que quelqu'un veut tuer Monsieur Brisu. Cette femme le sait. Mais qui ?
Qui aurait un mobile, qui en veut tant à Monsieur Brisu pour être prêt à l'assassiner ? - La réponse est simple : tout le monde. Et pourtant...
Il y a, par exemple, le garçon de ferme qui s'occupe des vaches de Monsieur Brisu. Il est mal payé et mal traité. Mais il obéit parce qu'il rêve d'hériter un jour de la fortune de son employeur. Toutefois, le testament n'est pas encore rédigé, et il est trop tôt pour se débarrasser de lui.
Ou les Belges qui ont commencé à construire un atelier. Mais Monsieur Brisu leur interdit de le finir. Leur construction est illégale, bien sûr - mais depuis quand les lois intéressent-elles Monsieur Brisu ? Non, il s'y oppose simplement parce qu'il n'aime pas les Belges.
N'oublions pas non plus les Suédois qui vivent à Paris et passent les étés dans leur jolie maison de Laferrada. Chaque fois qu'ils retournent à Paris, Monsieur Brisu leur envoie ses vaches pour détruire les fleurs qu'ils ont plantées. Ils disent, toutefois, avoir peur du maire. Et ils ne sont pas les seuls.